Herbert Wentscher
20 octobre – 15 novembre 1997
Comme dans une comptine, les vidéos de Herbert Wentscher présentent une version du monde unanimiste, dynamique et joyeuse. L’ingénuité est décrite avec ingéniosité; la patience du concept a été remplacée par la pétulance du percept, Marx et Hegel par Charles Trenet et les Comedian Harmonists. Il en résulte une esthétique domestique lisse, kitsch et apparemment dépourvue d’arrière-pensées. Le malaise s’installe pourtant au fur et à mesure que se répète cette vision.
Les peintures présentent un aspect moins extraverti. Les thèmes abordés sont évoqués de façon assez énigmatique. La figuration, très économique, se résume le plus souvent à la présence d’un ou deux sujets identifiables. Ils flottent sur un fond de traits de couleur qui forment une trame régulière. Des corps de jeunes femmes, nus ou habillés, des objets, des signes, des motifs décoratifs, les silhouettes de personnages stylisés amorcent une narration suspendue à un titre qui l’enrichit sans l’expliciter. Alors que la vidéo s’affirme comme le lieu du bavardage, la peinture se tient à l’essentiel d’une notation elliptique. Peinture sage et sèche, sans volonté de justification et qui tire sa force de savoir rester allusive. A qui voudrait plus des précisions, le recours aux vidéos reste toujours possible puisque des thèmes communs, tel l’érotisme par exemple, y sont largement commentés. Pourtant, c’est une méditation attentive, plus que la quête d’informations complémentaires, que ces tableaux réclament du spectateur. Ne délivrant aucun message n’affirmant pas de parti pris esthétique, ils égrènent une mélodie fragile qu’on croirait produite par les notes aigrelettes d’un clavecin.
Herbert Wentscher (1951, D), vit et travaille à Freiburg im Breisgau et Weimar.
Etudes auprès des académies de Stuttgart et Düsseldorf. Surtout connu en Suisse pour ses saynètes vidéos. Nombreuses expositions et participations à des programmes collectifs présentés dans les grands musées d’Europe (Reina Sofia, Madrid; Tate Gallery, Londres; etc.) Les genevois ont pu dévouvrir son travail à l’occasion de la 3e Semaine Internationale de Vidéo, en 1989. Depuis 1993, fait partie de l’équipe pédagogique qui a relancé le projet du Bauhaus, à Weimar.
Hervé Laurent,
MIRE, cahier Septembre–Octobre 1997, Genève